La production de farine de poisson en Afrique de l’Ouest: Enjeux pour les communautés côtières

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Les partenaires de CAPE, - APRAPAM, CONIPAS, CAOPA et REJOPRAO-, organiseront au Sénégal, le 13 Septembre 2017, un forum sur les impacts de la filière de la farine de poisson en Afrique de l’Ouest. Ce forum identifiera des demandes aux autorités qui pourront être portées par la mobilisation citoyenne. La présence de représentants de la société civile et de la pêche artisanale d’Afrique de l’Ouest, y compris la Mauritanie, la Gambie et la Guinée Bissau, préfigurera une mise en réseau des citoyens de la région sur les problèmes posés par la production de farine de poisson. 

Les organisateurs du forum soutiennent le développement d’une aquaculture en Afrique guidée par le souci d’améliorer la sécurité alimentaire. Néanmoins, contribuer au développement d’une aquaculture qui s’appuie sur l’exploitation des stocks sauvages de petits pélagiques met en péril ces ressources ainsi que l’avenir des communautés côtières ouest africaines. 

Le forum est précédé d’une consultation électronique, qui se tiendra du 28 Août 2017 au 8 septembre 2017. Une note a été préparée, avec des questions, pour aider à la réflexion sur ce thème. Vos contributions sont à envoyer à l’adresse mail forum6aprapam@gmail.com ou contact@aprapam.org 

Note pour consultation électronique

Au niveau mondial, la farine de poisson est majoritairement produite dans les pays de la côte ouest d’Amérique du Sud (Pérou, Chili), du Nord de l’Europe (Danemark) que rejoignent aujourd’hui les pays d’Asie comme le Vietnam et la Chine.

Traditionnellement, on utilisait d’une part des espèces pour lesquelles il y a peu de demande en consommation humaine directe (comme l’anchois au Pérou) et d’autre part, des excédents de captures, des rejets de pêche et des résidus de transformation. 

Aujourd’hui, en raison d’une demande accrue sur les principaux marchés internationaux, offrant des prix très rémunérateurs, les usines de farine de poisson se multiplient, y compris en Afrique de l’Ouest. Au Sénégal, il y a maintenant une dizaine d’usines agrées, et en Mauritanie, leur nombre est passé de 6 à 23 depuis 2010, puis à 29 en 2015. Deux usines viennent aussi d’être construites en Gambie. Dans la sous-région, le nombre d’usines actives non enregistrées est plus important.

La farine de poisson est utilisée pour l’alimentation des animaux aussi bien terrestres (porcs, poulets…) que marins. La production mondiale va à 46% à l'aquaculture, 24% à l'alimentation des porcs, 22% aux ruminants, animaux domestiques et produits pharmaceutiques. La farine de poisson entre pour environ 68% dans la fabrication de l’aliment aquacole qui sert à l’alimentation des poissons d’aquaculture.

Les dangers liés à l’implantation croissante d’usines de production de farine de poisson en Afrique de l’Ouest incluent principalement :

1. La Surexploitation de la sardinelle

Le groupe de travail FAO/COPACE recommande depuis plusieurs années la réduction de l’effort de pêche sur cette ressource montrant des signes de surexploitation. En l’absence de gestion concertée au niveau régional et vu la pression croissante, notamment liée à la pêche pour la farine, cela parait difficile. 

2. L’Insécurité alimentaire

Pour le consommateur, la rareté se fait déjà sentir à travers la flambée des prix de la sardinelle sur les marchés locaux. Car, pour répondre à la demande croissante, les usines de production de farine doivent se tourner vers le poisson frais, - en particulier la sardinelle-, pêché par des navires industriels et artisans. Ainsi, la production de farine est un concurrent potentiel des marchés de consommation, fragilisant la sécurité alimentaire des populations démunies d’Afrique de l’Ouest. 

3. Les Répercussions sur l’emploi

La filière de la farine se développe au détriment des emplois en pêche artisanale. Au Sénégal, une seule senne tournante pêchant la sardinelle pour la consommation humaine peut mobiliser plus d’une centaine de personnes, dont beaucoup de femmes, chacune d’entre elles ayant derrière une famille à nourrir. En comparaison, une usine de production de farine n’offre que quelques dizaines d’emplois.

4. Les nuisances environnementales et le danger pour la santé publique

Les usines de production de farine rejettent des déchets toxiques dans la mer. D’autre part, la fumée épaisse dégagée par les usines pollue l’air et est un danger pour la santé publique. Cette fumée est à l’origine de nombreuses pathologies telles qu’allergies, asthme et affections respiratoires.

Questions pour la consultation électronique

1. Quelle est votre expérience/point de vue sur les impacts des industries de fabrication de farine de poisson sur: la pêche durable et responsable dans les États africains, la sécurité alimentaire et nutritionnelle de leurs populations, la santé des populations riveraines ? 

2. Quelles dispositions idoines peuvent être envisagées pour la rationalisation del'utilisation des petits pélagiques en particulier (aussi bien au niveau du segment industriel que du segment artisanal) dans la production de la farine?   

3. Pensez-vous que les législations existantes dans nos pays sont en mesure de freiner l'utilisation des petits pélagiques pour la farine par les opérateurs (opérateurs étrangers et nationaux) – Si non, quels changements devraient être apportés dans les législations?