Tentative avortée de réintroduction de chalutiers pélagiques étrangers dans les eaux sénégalaises : le Conseil des Ministres peut-il autoriser ce que la Loi en vigueur ne permet pas?

La contribution du Dr Diouf a été publiée en ligne le 20 décembre 2012 par APRAPAM.

« Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière asséchée, le dernier poisson pêché, l’homme se rendra compte que l’argent n’est pas comestible »

La délivrance d’autorisations de pêche à des chalutiers pélagiques étrangers fait de nouveau l’actualité, alors que l’on pouvait légitiment penser que cette affaire était définitivement close. En effet, la décision du Président de la République élu, à l’issue de l’élection présidentielle du 25 mars 2012, d’annuler les 29 autorisations de pêche délivrées par l’ex ministre de l’Economie maritime (MEM) a été très bien accueillie.

Les sénégalais ont, sûrement, été surpris à la lecture du communiqué du conseil des ministres du 13 décembre 2012. Dans ce communiqué, il est écrit notamment : « Le Ministre de la pêche et des Affaires maritimes a entretenu le Conseil de la question relative à l’octroi de licences de pêche au profit d’armateurs étrangers. Sur ce point précis, le Président de la République a décidé de prolonger le repos biologique sur nos espaces maritimes, en gelant l’octroi de licences de pêche à des armateurs étrangers, pour une durée d’au moins un an ».

Décryptage.

La licence de pêche est le document que tout bateau de pêche industrielle doit détenir, pour être autorisé à exercer des activités de pêche, tandis que le repos biologique est une mesure de gestion des pêches dont l’objectif est la réduction de la pression de pêche artisanale et industrielle qui, combinée à d’autres mesures peut contribuer positivement à la reconstitution de stocks surexploitées et permettre une exploitation durable des ressources halieutiques.

Le Sénégal n’est lié par un accord de pêche qu’avec la Gambie, la Guinée Bissau, le Cap Vert et la Mauritanie. Il ne peut donc imposer à ces bateaux une disposition non prévue dans l’accord de pêche dans le cadre duquel ils opèrent notamment un repos biologique d’au moins un an.

Par conséquent, les bateaux étrangers visés dans le communiqué ce sont les chalutiers pélagiques congélateurs battant pavillon de la Russie, de la Lituanie et des pavillons de complaisance. Ces bateaux, communément appelés « bateaux russes » ont été illégalement autorisés par l’ex MEM, entre 2010 et 2012, à pêcher dans les eaux sénégalaises.

Il faut donc interpréter la décision du PR comme étant le gel de la délivrance de licences de pêche à des bateaux russes, pendant une période d’au moins un an.

Que prévoit la législation des pêches maritimes en vigueur au Sénégal.

La loi 98-32 du 14 avril 1998 dispose en son article 16 : « les navires de pêche battant pavillon étranger sont autorisés à opérer dans les eaux sous juridiction sénégalaise, soit dans le cadre d’un accord de pêche liant le Sénégal à l’Etat du pavillon ou à l’organisation qui représente cet Etat, soit lorsqu’ils sont affrétés par des personnes physiques ou morales de nationalité sénégalaise. Le décret 98-498, en son article 23 précise : « l’affrètement de navires de pêche étrangers par des personnes morales de nationalité sénégalaise ne peut être autorisé, qu’à titre exceptionnel, par le Ministre chargé de la pêche maritime, pour faire face à des difficultés de sous-approvisionnement des industries de traitement de la pêche ». L’autorisation définit les conditions de l’affrètement et à ce propos, il faut noter que les chalutiers pélagiques congélateurs ne font pas partie des bateaux dont l’affrètement est autorisé.

Argumentation de l’ex MEM pour la délivrance d’autorisations de pêche aux bateaux russes.

Certaines ressources partagées, présentes en haute mer, essentiellement constituées de sardinelles et de chinchards sont très insuffisamment exploitées par notre flotte nationale de pêche, aussi bien industrielle qu’artisanale qui ne peut opérer dans des zones de pêche comprises entre 37 et 65 km.

Il en résulte une perte pour notre pays car ces ressources sont périssables et donc perdues, si elles ne sont pas pêchées à temps. Le Sénégal a donc, souverainement, décidé de les exploiter afin que le trésor public puisse en bénéficier, à l’instar des autres pays de la sous région.

Réfutation de l’argument de l’ex MEM.

D’abord, la souveraineté ne peut pas s’exercer dans l’illégalité.. Ensuite, les pélagiques côtiers (sardinelles, chinchards et maquereaux) constituent un stock unique subdivisé en 3 sous stocks : les juvéniles, les jeunes reproducteurs et les adultes. Ce sont les adultes ciblés par la flotte russe qui effectuent des migrations entre la Mauritanie et la Guinée Bissau. La surexploitation d’un sous stock a évidemment des répercussions sur les 2 autres. Une hécatombe chez les hommes adultes en âge de procréer d’un pays, a des répercussions sur les naissances et le croît démographique. Il en est de même chez les poissons.

Enfin, à ce qui précède, il s’ajoute ce qui suit : Le groupe de travail COPACE/ FAO sur l’évaluation des petits pélagiques au large de l’Afrique nord-occidentale, composé d’experts de 14 pays, lors de sa dernière session tenue en mai 2011 à Casablanca, a confirmé que « le stock de sardinelles est actuellement surexploité et que cette surexploitation, présente un risque sérieux pour la continuité de la pêche, non seulement pour les chalutiers industriels mais aussi pour la flotte artisanale » ;

Un déficit de poisson estimé à 3 millions de tonnes pourrait également survenir à l’échelle de notre sous région, à l’horizon 2015 (source Mariama Barry, CRODT) ;

Les chalutiers russes sont des bateaux-usines de 100 à 120 mètres de longueur et jaugeant entre 3.142 et 7765 TJB. Leurs captures sont, soit congelées à bord, soit transformées à bord en produits élaborés ou transformées en huile et farine de poissons. Le tonnage cumulé de 2 de ces bateaux notamment Oleg Naydenov et Admiral Starikov fait 15.530 TBJ soit plus que les 13.146 TJB des 76 chalutiers de fond sénégalais détenant une licence de pêche en 2012. En d’autres termes, 2 chalutiers russes jaugent plus que 76 chalutiers senegalais ;

Le chalut pélagique est un engin de pêche très dévastateur qui évolue en pleine eau, depuis la surface jusqu’à proximité du fond, sans jamais être en contact avec lui. Le contrôle de la profondeur de pêche se fait avec un sondeur situé à l’avant du chalut. Cet appareil contrôle l’ouverture verticale de l’engin de pêche et permet de suivre, à partir du poste de commandement du bateau, l’évolution du filet en pleine eau et de détecter la présence les bancs de poissons y entrant. Le chalut pélagique effectue une pêche quasi-électronique et ramasse tout ce qu’il trouve sur son passage, aussi bien les poissons pélagiques que les poissons de fond ;

Les poissons de fond sont le groupe le plus important dans les captures accessoires des chalutiers pélagiques. Une comparaison avec les captures débarquées par les chalutiers de fond montre que les chalutiers pélagiques débarquent en Mauritanie près de 12,7% des captures de merlu, 60% des dorades roses et 50% des divers démersaux. (source IMROP, 2004). De ce qui précède, il ressort que les chalutiers pélagiques participent à la surexploitation des ressources démersales côtières. A toutes fins utiles, soulignons que les chalutiers de fond sénégalais sont astreints à un repos biologique de 2 mois. Les chalutiers pélagiques russes ne le sont pas.

Commentaires.

La loi 98-32 du 14 avril 1998 dispose en son article 16 : « les navires de pêche battant pavillon étranger sont autorisés à opérer dans les eaux sénégalaises, soit dans le cadre d’un accord de pêche liant le Sénégal à l’Etat du pavillon ou à l’organisation qui représente cet Etat, soit lorsqu’ils sont affrétés par des personnes de nationalité sénégalaise ». Aucune disposition légale ou réglementaire en vigueur, ne prévoit la signature d’un quelconque arrangement avec une personne physique ou morale. Il en sera ainsi tant que la législation ne sera pas modifiée. Le changement de la loi et la signature d’un accord de pêche avec la Russie est sont les deux possibilités pour que les beaux concernés puissent être attributaires d’une licence. Ni l’une ni l’autre ne sont à envisager, compte tenu de l’état de surexploitation des ressources et des mauvaises pratiques de pêche des chalutiers russes. En mars 2011, la Russie a introduit, une demande pour 20 bateaux par an et une contrepartie de 100 dollars par tonne de poissons pêchés. En réponse, la partie sénégalaise a fait remarquer, fort justement, que le contexte social actuel n’était pas favorable d’une part et de l’autre, le cumul des licences dans les eaux des pays de la sous région ne permet pas de quantifier, avec précision, les captures effectivement réalisées dans les eaux sénégalaises. La situation n’a pas changé depuis. La Mauritanie n’a ni tradition maritime, ni une pêche artisanale active et 25% du budget de ce pays provient des droits de pêche concédés. En outre, la Mauritanie compte beaucoup plus sur les Mines que sur la pêche. Au Maroc, ce sont les ressources se trouvant au large du Sahara Occidental qui sont cédées aux chalutiers russes et il s’agit de sardinelles. La souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental n’a pas encore été reconnue. Le Maroc ne cède-t-il pas ce qui ne lui appartient pas ? Le Sénégal, par contre, a une pêche artisanale très active qui effectue 85% des débarquements du pays. C’est également une consommation de 26 kg/homme/an, 17 % des emplois directs et indirects, 54.000 pêcheurs artisans, 18.000 pirogues. C’est enfin, 1,7% du PIB, 12,7% des recettes d’exportation et 80% des protéines animales consommées par les 13 millions de sénégalais, proviennent du poisson.

Interrogations.

Etait-il indiqué de soumettre au conseil des ministres l’attribution de licences aux « bateaux russes », dès lors que la législation en vigueur ne le permet pas ?

Annuler des licences en avril pour en délivrer de nouvelles en décembre, ne fait-il pas désordre et ne jure-t-il pas avec la rupture et la bonne gouvernance prônées par le gouvernement ?

Si on tient tant à délivrer des licences aux bateaux russes, pourquoi ne pas explorer les deux possibilités légales qui existent : un accord de pêche ou un projet de modification de la loi en vigueur à transmettre pour adoption à l’Assemblée Nationale. Pourquoi emprunter un raccourci ?

Il y a eu une affaire des bateaux russes avec les socialistes, puis une autre avec les libéraux, le nouveau régime devrait-il, lui aussi, avoir la sienne, en dépit des immenses espoirs qu’il a fait naître ?

N’est-il pas temps de clore définitivement cet épisode douloureux qui fait naître tant de passions ?

Si l’ex MEM avait été poursuivi, le retour des bateaux russes aurait-il été proposé ?

Réfléchir pour trouver une alternative viable et durable à offrir aux pêcheurs de Saint Louis, étant donné qu’il n’est pas prudent de ne compter que sur des licences en Mauritanie. Ce sujet ne devrait-il pas nous préoccuper plus que la recherche de licences pour des chalutiers pélagiques russes ?

Dr Sogui DIOUF Vétérinaire

Le texte complet est disponible en Français de la contribution du Dr Diouf ‘Tentative avortée de réintroduction de chalutiers pélagiques étrangers dans les eaux sénégalaises : le Conseil des Ministres peut-il autoriser ce que la Loi en vigueur ne permet pas’ sur : http://www.aprapam.org/2012/12/20/t...

 

Rencontre CAOPA-FENACOPECI sur le rôle des femmes dans la contribution de la pêche artisanale à la sécurité alimentaire et Journée Mondiale de la Pêche : rapport CAPE

A l’occasion de la journée mondiale de la pêche, qui s’est tenue à Abidjan, Côte d’Ivoire, le 21 novembre 2012, la Confédération Africaine des Organisations Professionnelles de la Pêche Artisanale (CAOPA) et la Fédération Nationale des Coopératives de Pêches de Côte d’Ivoire (FENACOPECI) ont organisé une rencontre préalable entre experts et représentantes du secteur de la pêche artisanale de 16 pays d’Afrique sur le thème suivant : « Améliorer la contribution de la pêche artisanale à la sécurité alimentaire : Le rôle des femmes ».

Cet atelier a été organisé du 18 au 21 novembre 2012, à Grand-Bassam, Côte d’Ivoire, avec l’appui et la collaboration de CAPE, de la Société Suédoise pour la Conservation de la Nature (SSCN), de Pain pour le Monde, du Collectif international de soutien aux travailleurs de la pêche (ISCF) et du Réseau des journalistes pour une pêche responsable en Afrique de l’Ouest (REJOPRAO).

Au cours de ces trois jours, les participants ont effectué des visites de terrain (site d’aquaculture et de débarquement/transformation de poisson) et procédé à des débats et échanges qui ont permis d’élaborer des recommandations à inclure dans les Lignes directrices volontaires destinées à la pêche artisanale, dans le cadre du processus de consultation orchestré par la FAO. La Déclaration d’Abidjan, qui a été lue le jour de la journée mondiale de la pêche a également été rédigée sur la base des travaux de ces groupes de travail.

Le 22 novembre, une rencontre a été organisée par ICSF pour approfondir le travail sur les lignes directrices de la FAO.

Voir le rapport complet et la Déclaration d’Abidjan en pièce jointe.

Les pêches artisanales mises en avant dans les discussions sur la réforme de la PCP

Le 22 novembre 2012, les membres du Parlement européen ont soutenu une initiative du député João Ferreira, membre de la Commission PECH, sur la pêche artisanale et côtière. Selon cette résolution, les pêches artisanales sont dans état critique du fait que la crise que subissent les ressources halieutiques affecte plus particulièrement ces entreprises artisanales, qui représentent actuellement ¾ de la flotte de l’UE (65 000 bateaux).

Une récente étude du Parlement européen a révélé que les flottes de pêche artisanale créent près de 55% des emplois à bord des navires, tout en produisant 27% de la valeur totale des débarquements. Les emplois ont décliné de 10 à 30% entre 2000 et 2010. Le Parlement demande que les politiques de pêche prennent en compte les caractéristiques spécifiques des flottes artisanales. Cela inclus une des créations d’emploi assez élevées et surtout de pêcher avec des engins passifs. Les quelques femmes qui travaillent dans les pêches sont généralement employées dans le secteur artisanal. Dans sa résolution, le Parlement requiert des mesures spécifiques pour un accès préférentiel aux ressources halieutiques, à la gestion de la flotte, à l’aide publique et aux mesures du marché. Dans sa proposition de réforme pour la PCP, la Commission confirme l’importance des pêches artisanales en Europe. Elles sont susceptibles de bénéficier grandement d’une réforme des politiques de pêche basées sur une obligation claire et datée pour la gestion des stocks au niveau des RMD and d’éliminer les rejets. Le paquet de réforme comprend un nombre accru de mesures qui sont spécifiquement utiles aux pêches artisanales, en particulier quant à l’accès aux fonds du Fond Européen pour la Pêche. Les embarcations de pêche artisanale peuvent également espérer une augmentation de l’aide (75§ au lieu de 50%) sous le FEP. Quant aux allocations financières de fonds des Etats membres, la part des flottes artisanales dans la flotte nationale est un paramètre important pour l’augmentation des allocations financières. La résolution du Parlement européen va encourager le profil des pêches artisanales durant les prochains débats sur la réforme de la PCP.

Sources : Communiqué de presse (en anglais) :http://ec.europa.eu/information_soc... Etude du Parlement européen (en anglais) : http://www.europarl.europa.eu/commi...

Sécurité alimentaire et pêche artisanale : le Réseau des journalistes pour une pêche responsable et durable en Afrique de l’Ouest porte la voix des femmes

A l’occasion de la rencontre organisée par la CAOPA en Côte d’Ivoire sur le rôle des femmes dans la pêche artisanale et la contribution à la sécurité alimentaire, le Réseau des journalistes pour une pêche responsable et durable en Afrique de l’Ouest (REJOPRAO) a publié un Bulletin d’information de l’atelier des femmes de la CAOPA, ‘La poissonnière d’Abidjan’, en deux volumes.

Depuis plusieurs années, le Rejoprao accompagne la CAOPA en assurant une certaine visibilité de ses activités majeures, grâce à la rédaction d’articles par des membres du réseau qui sont invités à y prendre part. De façon concrète, la CAOPA prévoit des places pour permettre à des membres du Rejoprao de prendre part à ses activités (Célébration de la journée mondiale de la pêche, forum de Mbour, atelier sous-régionaux, etc.). A l’occasion de cet atelier d’Abidjan, la CAOPA et ses partenaires ont invités quatre membres du Rejoprao afin qu’ils puissent en assurer la couverture médiatique : deux journalistes francophones (Sénégal et Mauritanie), une journaliste lusophone (Cap-Vert) et une journaliste anglophone (Gambie). En retour, le Rejoprao se devait de proposer à la CAOPA un programme de travail précis. C’est ainsi qu’a été proposé la réalisation d’un bulletin d’information. Le titre ‘La poissonnière d’Abidjan’ a été choisi en référence à l’objet central de l’atelier qui portait sur les femmes intervenant dans le secteur de la pêche (la poissonnière) et le lieu de tenu de la rencontre (Côte d’Ivoire, capitale Abidjan). Les journalistes ont traité des thèmes et faits marquants de la rencontre en ayant à l’esprit la nécessité de rendre compte des discussions qui étaient menées. Ils ont donc choisi librement les thèmes traités. Ils ont suivi les visites, les débats et ont pu s’entretenir avec les acteurs et actrices. Une conférence de presse a également été organisée le mardi 18 novembre 2012, à l’issue des deux journées de travail. Le travail d’édition a été fait à distance. Il s’agit là d’une innovation. Les journalistes sur place ont écrit et envoyé leurs articles à un rédacteur en chef circonstanciel qui ne se trouvait pas sur le lieu de l’atelier, qui s’est chargé d’éditer les textes et d’assurer le montage du bulletin.

Le bulletin est diffusé via une mailing liste et est également mis en ligne sur le blog du Rejoprao. A l’occasion du COFI en juillet 2012, un bulletin avait été publié en français et en anglais. Or, à Abidjan il n’a pu être fait qu’en français.

Pour le Rejoprao, ce processus devrait mener à la production d’un magazine périodique sur la pêche.

Informations recueillies auprès de Inoussa Maïga (Rejoprao-Burkina Faso) et sur le site du Rejoprao : http://rejoprao.blog4ever.com/blog/...

Voir les deux bulletins en documents joints, ici et ici. 

Future politique commune de la pêche en Afrique : point de vue de la CAOPA

La CAOPA a répondu à un questionnaire d’évaluation du secteur des pêches dans la région de la CEDEAO, proposé par l’UA à l’occasion du processus de définition d’une politique commune de la pêche, sur la thématique « Contribution de la confédération africaine des organisations de pêche artisanale », en date du 24 août 2012. Les réponses apportées à ce questionnaire permettent d’identifier les principales questions stratégiques pertinentes pour les pêches de capture et l’aquaculture dans la région et les principaux défis et opportunités des secteurs, notamment quant au maintien des communautés côtières, la sécurité alimentaire des populations et l’aménagement concerté de la zone côtière (co-gestion des pêcheries). La question de la transparence est mise en avant. En effet, cette dernière « doit devenir la règle, et doit favoriser une participation informée des acteurs, en particulier des communautés de pêche artisanale. Une plus grande transparence est également un outil important de lutte contre la pêche INN, qui est florissante lorsque l’opacité et la corruption sont la règle ». Quelques éléments d’analyse de l’état actuel des capacités humaines et institutionnelles dans la région, sont dès lors présentées, ainsi que les forces et les faiblesses, défis et opportunités pour les trois secteurs la pêche maritime, la pêche continentale et l’aquaculture dans la région : « Il faut aussi développer une stratégie et des politiques pour que la pêche artisanale, qui actuellement cible surtout les ressources côtières, souvent surexploitées, puisse à terme développer ses activités plus loin des côtes, et développer des pêcheries, par exemple, pour les thonidés, afin que nos pays puissent en retirer plus de bénéfices ». Des éléments de réflexion sont par ailleurs apportés sur le niveau de la coopération actuelle entre les CER et les ORGP dans la région et proposer les moyens de renforcer la coopération et la collaboration. « Les professionnels de la pêche artisanale doivent être reconnus comme interlocuteurs directs des décideurs ». Le rôle de la société civile et des médias est également fondamental dans le processus de gestion des pêches. Il est constaté que le niveau de mise en œuvre du Code de conduite de la FAO pour une pêche responsable et ses autres documents pertinents est faible. Enfin, certains problèmes ou questions transfrontières sont observés quant à la gestion des pêches et de l’environnement dans la région.

 

Deuxième édition du forum de la pêche de Mbour

Environ 300 professionnels de la pêche artisanale sénégalaise sont attendus le 4 juillet prochain au Centre David Boila de Mbour, pour un forum sur le thème : "A qui appartient le poisson", annonce un communiqué transmis à l’APS.

Réunis au sein de la Coalition des professionnels de la pêche artisanale de Mbour (CPPAM), ces acteurs vont débattre de deux sujets : "La sécurité alimentaire dans la pêche, en particulier, le cas des petits pélagiques" et "La surveillance participative".

Les participants à ce forum viendront de Mbour et des autres localités de pêche du Sénégal, notamment Kayar, Ngaparou, Joal, Foundiougne, Djiffer, Yène, Ndayane, Lompoul, Fass Boye, Saint-Louis, etc.

Cette rencontre sera le second forum organisé par la CPPAM, après celui de juillet 2010, qui était centré sur les thèmes de la bonne gouvernance, de la problématique du financement de la pêche artisanale, de la valorisation des captures, etc.

ADE/SAB

Allocution de bienvenue de Gaoussou Gueye

Contribution de la CAOPA à la première réunion de consultation FAO/NEPAD

La première réunion de consultation des parties prenantes en soutien à la mise en place de la stratégie de la FAO pour la pêche et l’aquaculture en Afrique, organisée conjointement par le NEPAD (New Partnership for Africa’s Development) et la FAO, se déroulera du 10 au 12 mai 2011 à Midrand, Afrique du Sud. Elle rassemblera des membres d’organisations régionales des pêches, des communautés économiques régionales, des bailleurs de fonds ainsi que de la société civile. L’événement sera composé d’une journée de séance plénière et de deux jours de consultation en groupes de travail.

Le but est de renforcer et d’accélérer le secteur de la pêche et de l’aquaculture en termes de gouvernance, de gestion et d’adaptation au changement climatique. Ce faisant, les participants aborderont l’importance croissante de la pêche pour atteindre les OMD, ainsi que le rôle crucial du secteur dans le développement économique et la lutte contre la pauvreté en Afrique, conformément aux objectifs du CAADP (Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture Africaine).

La CAOPA (la Confédération Africaine des Organisations Professionnelles de la Pêche Artisanale) participera à l’événement et a établi une série de recommandations à l’attention des gouvernements africains et des institutions internationales, régionales et nationales. Celles-ci demandent aux États africains que :

 l’accès aux ressources soit restreint aux opérateurs qui peuvent démontrer que leurs activités sont conformes à une série de critères de développement durable des pêcheries ;

 un accès prioritaire soit réservé aux flottes nationales, en particulier les flottes de pêche artisanale, ainsi que cela est prévu par le Code de Conduite de la FAO (art. 6.18) ;

 ce qui peut être pêché de façon durable par la pêche artisanale lui soit réservé, étant donné son importance en termes de création d’emplois directs et indirects, de contribution à la sécurité alimentaire nationale et régionale, de contribution aux recettes d’exportations ;

 les accords de pêche soient négociés, conclus ou renouvelés sur base des meilleures données scientifiques disponibles, tout en respectant le principe de précaution ;

 dans les choix qui seront faits pour l’exploitation des ressources, qu’une priorité soit donnée à l’exploitation des ressources pour la consommation humaine plutôt que pour la production de farine/d’huile de poissons destinées aux élevages industriels ;

 en direction des organisations professionnelles, définir un modèle de partenariat permettant la promulgation de législations et politiques structurantes qui encouragent la participation effective des acteurs locaux dans la cogestion des pêcheries engager activement les institutions (décideurs principaux) dans une stratégie intégrée de planification côtière.

Aux institutions internationales, régionales et nationales, la CAOPA fait les recommandations suivantes :

 les Etats signataires d’accords de pêche doivent renforcer leurs actions en vue d’établir un réel partenariat et fournir les ressources nécessaires pour aider les parties contractantes à développer des systèmes de gestion des ressources plus efficaces au niveau national, afin de prévenir la surexploitation ;

 des mesures et actions structurantes doivent être entreprises pour relever les défis auxquels doit faire face le secteur des pêches en Afrique, comme le manque d’infrastructures requises pour promouvoir les activités de valeur ajoutée, ainsi que la nécessité de donner la priorité aux pêcheries artisanales en matière d’accès, ainsi que cela est stipulé dans le Code de Conduite pour une Pêche responsable (article 6.18) ;

 le commerce international du poisson doit être juste et équitable pour que le secteur se développe de façon durable et utilise de façon responsable les ressources aquatiques ;

 il est nécessaire que les états qui travaillent avec l’Afrique, et qui souhaitent introduire des changements dans les normes légales ou réglementaires affectant le commerce du poisson, donnent suffisamment d’information et avertissent dans un délai raisonnable, afin de permettre aux producteurs affectés par ces mesures, de s’ajuster et d’introduire les changements nécessaires pour se mettre aux normes ;

 en matière de participation et d’information, il est proposé qu’un mécanisme permanent de participation soit mis en place pour assurer l’information et la participation des professionnels de la pêche artisanale dans tout le processus d’élaboration et de mise en œuvre des politiques de pêche.

La CAOPA recommande également que les organisations professionnelles de la pêche artisanale soient renforcées dans leurs aspects relatifs à :

 l’instauration d’un processus délibératif approprié permettant la confrontation des intérêts et valeurs en présence pour prendre des décisions plus cohérentes et légitimes ;

 la définition de conditions et voies opportunes permettant l’intégration et l’identification formelles des acteurs en vue de structurer la participation des acteurs afin de garantir la production d’un objectif commun ;

 la mise en place d’un système d’information adéquat permettant la mise à disposition de l’information, la facilitation de la participation, l’appui au partage de l’information ;

 le renforcement des capacités des acteurs par l’éducation, la sensibilisation et la formation en vue de leur permettre d’être des partenaires crédibles avec les États et les institutions dans la définition et la mise en œuvre des politiques et programmes et dans la participation effective et efficace à la cogestion des pêcheries et aires aménagées ;

 en ce qui concerne le changement climatique, de permettre aux communautés locales de la pêche artisanale d’être au courant des risques et des impacts du changement climatique que leur environnement risque de subir et comment s’y adapter, ainsi que de participer efficacement à la mise en œuvre avec les institutions compétentes des mesures d’atténuation des risques et d’adaptation aux impacts négatifs.

Le document complet est disponible ici.

Réunion FAO/NEPAD : Recommandations de la CAOPA

Commentaires de CAPE-EED sur le "Green Economy Report" du PNUE

Dans le cadre de la « Green Economy Initiative », lancée en octobre 2008, le PNUE travaille à l’élaboration d’un rapport mondial, le « Green Economy Report », conjointement avec plus de 70 instituts de recherche à travers le monde. Ce rapport s’adresse aux preneurs de décision et tend à identifier les principales « conditions habilitantes » nécessaires pour déclencher une transition vers une « économie verte » globale, telle que définie dans le « report preview »publié en mai 2010.

Le premier apport de CAPE dans ce processus prit place lors de la réunion ICTSD/PNUE « Pêche, Commerce et Développement » tenue à Genève le 16 juin dernier. Nos commentaires traitaient des aspects de « l’aide pour le commerce » dans les pêcheries des pays en développement. Cette discussion et le contact avec le PNUE nous permirent de participer à la consultation officielle des parties prenantes sur le GER (Green Economy Report).

Selon l’agenda, le but de cet atelier de deux jours était de permettre aux auteurs du GER de partager leurs premiers résultats et messages clés ainsi que de répondre aux questions et commentaires d’un large groupe de parties prenantes. Les enjeux discutés lors de l’atelier ainsi que les commentaires émis au cours du processus d’évaluation technique par les pairs (prévu pour fin 2010) seront assemblés pour guider la révision finale des différents chapitres : énergies renouvelables, industrie, transport, villes, bâtiments, gestion des déchets et recyclage, pêche, forêts, agriculture, tourisme, finance, modélisation et conditions habilitantes.

La contribution de CAPE-EED à cet atelier se concentre sur le chapitre "Pêche" du GER et s’articule autour des quatre propositions faites afin de "verdir les pêcheries" : "réforme des subventions et autres distorsions économiques", "coûts d’ajustement", "mise en place d’institutions efficaces aux niveaux national, régional et international" et "renforcement des réformes réglementaires et de la gestion des pêches".

Preliminary comments on UNEP draft GER
Workshop report

L’avenir des relations pêche ACP-UE

L’avenir des relations pêche ACP-UE : Vers une plus grande durabilité et un meilleur bien-être social et économique pour les communautés côtières des pays ACP. Publication coordonnée par Béatrice Gorez pour le CTA.

Source vitale d’aliments, d’emplois et de revenus, la pêche contribue à la sécurité alimentaire et à la réduction de la pauvreté de plusieurs pays côtiers d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP). Cependant, la plupart de ces pays, notamment le Sénégal, la Mauritanie et la Namibie, restent très dépendants d’un petit nombre d’espèces exportées. Néanmoins, le secteur de la pêche offre aux pays ACP de réelles opportunités économiques à long terme parce que l’UE importe 60% du poisson consommé sur son marché.

Dans certaines régions comme l’Afrique de l’Ouest, la surexploitation des ressources halieutiques a considérablement affecté les stocks et les écosystèmes menaçant tout effort en faveur du développement durable. Il est donc crucial de gérer la ressource avec discernement, d’instaurer des systèmes de contrôle efficace, pour éviter la surpêche et l’effondrement des stocks de poisson ce qui permettra aux pays ACP de tirer des avantages substantiels de ce secteur économique.

Divers instruments régissent les relations de pêche entre les États ACP et l’UE, notamment les politiques nationales de pêche ACP, la Politique Commune de la Pêche de l’UE, les instruments de coopération pour le développement et les accords de pêche bilatéraux conclus entre l’UE et les États ACP individuels.

Les accords bilatéraux facilitent l’accès des pêcheurs des pays européens aux ressources halieutiques grâce au paiement de compensations financières qui constituent une source importante de revenus pour les États ACP. Ces accords posent un certain nombre de défis en ce qui concerne : (i) l’exploitation durable des ressources marines et la protection de l’environnement, (ii) la protection des communautés pratiquant la pêche artisanale, (iii) l’optimisation des bénéfices de l’exploitation de la pêche grâce aux opérations apportant une valeur ajoutée, et (iv) les systèmes de surveillance. Ces questions affectant les relations de pêche ACP-UE sont aussi abordées dans le cadre des négociations sur les Accords de Partenariat Economique (APE) entre les pays ACP et l’UE. La révision de la Politique Commune de la Pêche (PCP) visant une pêche plus durable et une plus grande protection de l’environnement marin devrait offrir une amélioration nette pour les pêcheurs des pays ACP.

Dans ce contexte, le CTA, en collaboration avec le Secrétariat ACP, la Commission européenne et le Secrétariat du Commonwealth, continue à apporter un appui aux pays ACP, notamment en fournissant une plateforme d’échanges d’information aux experts ACP et UE. Plus de 350 experts et décideurs ACP et UE des Ministères du Commerce et de la Pêche, ainsi que des représentants du Groupe ACP à Bruxelles, de la Commission Européenne, du secteur privé, d’ONG, d’associations de pêche, d’organisations internationales, d’agences de coopération pour le développement et d’organismes de recherche de l’UE ont activement contribué aux deux séminaires techniques qui ont eu lieu à Bruxelles en avril 2003 et en décembre 2004. Une consultation électronique a ensuite pris le relais pour approfondir les deux thèmes majeurs que sont l’accès aux marchés et la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN). Cette publication reprend les principales perspectives de ces acteurs sur les sujets considérés comme prioritaires dans les relations de pêche ACP-UE.