Le Sénégal Face Aux Sollicitations Russes Pour Le Poisson: La Vigilance Reste De Mise

Depuis 2010, le Sénégal est très sollicité par des chalutiers pélagiques russes pour avoir accès aux petits pélagiques sénégalais. Ces chalutiers sont autorisés à pêcher au Maroc, en Mauritanie et en Guinée Bissau mais pas dans la ZEE du Sénégal.

Devant les réticences des autorités sénégalaises à négocier un accord de pêche avec la Fédération de Russie, les armateurs russes ont trouvé l’alternative: faire affréter leurs bateaux par des sociétés privées, qui, par l’intermédiaire d’un co-signataire local, ont signé des protocoles leur accordant des droits de pêche.

Ces protocole d’accord entre le Sénégal et des sociétés privées étrangères ne sont pas conformes à la législation en vigueur au Sénégal, qui stipule que les navires de pêche battant pavillon étranger sont autorisés à opérer dans les eaux sous juridiction sénégalaise soit dans le cadre d'un accord de pêche liant le Sénégal à l'Etat du pavillon ou à l'organisation qui représente cet Etat, soit lorsqu'ils sont affrétés par des personnes de nationalité sénégalaise.

En d’autres termes, la loi n’autorise pas la signature de protocoles entre le Sénégal et des sociétés privées, comme ce qui a été fait avec les chalutiers russes. De plus, aucun de ces protocoles n’a été ratifié par l’Assemblée nationale, promulgué par le Président de la République, encore moins publié au journal officiel de la République du Sénégal.

En toute illégalité, le ministre de l’Economie maritime en fonction en 2010 a donc octroyé des avantages outranciers aux chalutiers pélagiques russes: ces navires ont notamment été dispensés d’embarquer des marins sénégalais; dispensés aussi du paiement des redevances dues au titre des licences de pêche. Le manque à gagner pour l’Etat à cet égard, pour les 29 chalutiers impliqués, était de près de 9 millions de francs CFA sur base de licences annuelles.

De plus, alors que l’heure est à la lutte contre la pêche INN, des navires surpris en action de pêche dans une zone interdite ou ayant camouflé leurs marquages pour se rendre non indentifiables, ont vu leurs amendes annulées par le Ministre, alors que les délits commis sont parmi les plus graves.

Telle était la situation au moment de l’élection d’un nouveau président de la République, le 25 mars 2012. Se conformant à un engagement pris pendant la campagne électorale, celui-ci a fait annuler toutes licences délivrées sur base illégale aux chalutiers pélagiques étrangers.

Mais pour ce qui est du nouveau ministre chargé de la pêche, il n’a jamais manifesté la volonté de mettre un terme aux activités des bateaux russes dans les eaux sénégalaise. Déjà, fin avril 2012, il précisait que des autorisations de pêche continueraient à être accordées mais en tenant compte des ressources et des intérêts de l’Etat: ‘Avec les experts, nous allons étudier le nombre d’autorisations de pêche à octroyer ».

Le sujet s’est aussi invité au Conseil des Ministre de Décembre 2012, au cours duquel le président de la République ‘a décidé de prolonger le repos biologique sur nos espaces maritimes, en gelant l’octroi de licences de pêche à des armateurs étrangers, pour une durée d’au moins un an.

En Juin 2013, à l’issue d’un conseil interministériel sur la pêche, la recommandation suivante fut adoptée: « Maintenir l’arrêt des autorisations de pêche aux chalutiers pélagiques jusqu’à ce qu’une évaluation de cette opération soit réalisée. Cette évaluation devra notamment cerner les impacts de cette opération au plan biologique et budgétaire, sur les administrations et le climat social dans le secteur de la pêche’.

Une question se pose : une opération illégale est-elle à évaluer’?

 

Actuellement, la saison de pêche des petits pélagiques a commencé. Pour contrer les difficultés à obtenir des licences, le représentant au Sénégal de l’Agence Fédérale de Russie pour la Pêche, a rappelé sur le plateau d’une télévision locale, que la partie russe ‘était dans l’attente des résultats de l’évaluation annoncée à l’occasion du Conseil interministériel sur la pêche tenu le 18 juin 2013’.

 

Une autre question se pose : pour des ressources partagées comme les petits pélagiques, que vaut une évaluation concernant le Sénégal seul, dès lors que des évaluations concernant toute la zone d’évolution de ces ressources partagées sont disponibles grâce au groupe de travail FAO/COPACE qui depuis plus de 12 ans suit l’évolution du stock de petits poissons pélagiques ?

 

Nous devons rester vigilants en souhaitant que le nouveau ministre nommé en septembre dernier tienne compte des recommandations de ce groupe de travail FAO/COPACE, composé des plus éminents biologistes des pêches des  pays côtiers et des pays qui pêchent le long de la côte nord-ouest africaine. Ce groupe de travail ne cesse de rappeler et recommander que les ressources pélagiques côtières sont surexploitées et que l’effort de pêche doit être réduit d’au moins 50%.

 

Il n’y a pas de ‘surplus’ qui peut être cédé et les russes doivent être gentiment mais fermement invités à aller pêcher ailleurs.

 

 

Dr Sogui DIOUF

Vétérinaire

soguidiouf@gmail.com

Accord de pêche Mauritanie-société chinoise en rediscussion

La convention signée en juin 2011 entre l’Etat mauritanien et la société chinoise Poly Hondone, pour une enveloppe de 100 millions USD, est actuellement en renégociation après la suspension des activités de la société chinoise, cette dernière n’ayant pas respecté ses engagements contractuels. Dernièrement, la Mauritanie a été critiquée par ses partenaires européens à cause des facilités discriminatoires accordées à la société chinoise : le pays, - qui devait bénéficier de l’arrivée de bateaux de pêche aux petits pélagiques, courant 2012-, avait donné 5 licences de pêche aux céphalopodes réputés surexploités, à l’entreprise chinoise. L’arrivée, sans cesse reportée, des bateaux de pêche pélagique a servi de pomme de discorde entre les deux parties. Selon certains observateurs, la pêche expérimentale utilisant des engins de pêche sélectifs (senneurs, caseyeurs…) menée par la société chinoise n’a pas donné les résultats escomptés, et la société tenterait, -par le retard répété de l’acheminement des bateaux de pêche pélagique- de forcer la main aux autorités mauritaniennes, pour utiliser des engins de pêche qui lui assureraient une meilleure rentabilité. Ils souhaiteraient également un accès plus important aux céphalopodes.

La convention entre la Mauritanie et la société Poly Hondone accorde des avantages énormes à la partie chinoise, ce qui a été à l’origine d’une véritable polémique en Mauritanie où le lien avec un accord portant sur l’armement est aussi mentionné.

Source : REJOPRAO, 8 Janvier 2013, http://rejoprao.blog4ever.com/blog/...

Tentative avortée de réintroduction de chalutiers pélagiques étrangers dans les eaux sénégalaises : le Conseil des Ministres peut-il autoriser ce que la Loi en vigueur ne permet pas?

La contribution du Dr Diouf a été publiée en ligne le 20 décembre 2012 par APRAPAM.

« Quand le dernier arbre sera abattu, la dernière rivière asséchée, le dernier poisson pêché, l’homme se rendra compte que l’argent n’est pas comestible »

La délivrance d’autorisations de pêche à des chalutiers pélagiques étrangers fait de nouveau l’actualité, alors que l’on pouvait légitiment penser que cette affaire était définitivement close. En effet, la décision du Président de la République élu, à l’issue de l’élection présidentielle du 25 mars 2012, d’annuler les 29 autorisations de pêche délivrées par l’ex ministre de l’Economie maritime (MEM) a été très bien accueillie.

Les sénégalais ont, sûrement, été surpris à la lecture du communiqué du conseil des ministres du 13 décembre 2012. Dans ce communiqué, il est écrit notamment : « Le Ministre de la pêche et des Affaires maritimes a entretenu le Conseil de la question relative à l’octroi de licences de pêche au profit d’armateurs étrangers. Sur ce point précis, le Président de la République a décidé de prolonger le repos biologique sur nos espaces maritimes, en gelant l’octroi de licences de pêche à des armateurs étrangers, pour une durée d’au moins un an ».

Décryptage.

La licence de pêche est le document que tout bateau de pêche industrielle doit détenir, pour être autorisé à exercer des activités de pêche, tandis que le repos biologique est une mesure de gestion des pêches dont l’objectif est la réduction de la pression de pêche artisanale et industrielle qui, combinée à d’autres mesures peut contribuer positivement à la reconstitution de stocks surexploitées et permettre une exploitation durable des ressources halieutiques.

Le Sénégal n’est lié par un accord de pêche qu’avec la Gambie, la Guinée Bissau, le Cap Vert et la Mauritanie. Il ne peut donc imposer à ces bateaux une disposition non prévue dans l’accord de pêche dans le cadre duquel ils opèrent notamment un repos biologique d’au moins un an.

Par conséquent, les bateaux étrangers visés dans le communiqué ce sont les chalutiers pélagiques congélateurs battant pavillon de la Russie, de la Lituanie et des pavillons de complaisance. Ces bateaux, communément appelés « bateaux russes » ont été illégalement autorisés par l’ex MEM, entre 2010 et 2012, à pêcher dans les eaux sénégalaises.

Il faut donc interpréter la décision du PR comme étant le gel de la délivrance de licences de pêche à des bateaux russes, pendant une période d’au moins un an.

Que prévoit la législation des pêches maritimes en vigueur au Sénégal.

La loi 98-32 du 14 avril 1998 dispose en son article 16 : « les navires de pêche battant pavillon étranger sont autorisés à opérer dans les eaux sous juridiction sénégalaise, soit dans le cadre d’un accord de pêche liant le Sénégal à l’Etat du pavillon ou à l’organisation qui représente cet Etat, soit lorsqu’ils sont affrétés par des personnes physiques ou morales de nationalité sénégalaise. Le décret 98-498, en son article 23 précise : « l’affrètement de navires de pêche étrangers par des personnes morales de nationalité sénégalaise ne peut être autorisé, qu’à titre exceptionnel, par le Ministre chargé de la pêche maritime, pour faire face à des difficultés de sous-approvisionnement des industries de traitement de la pêche ». L’autorisation définit les conditions de l’affrètement et à ce propos, il faut noter que les chalutiers pélagiques congélateurs ne font pas partie des bateaux dont l’affrètement est autorisé.

Argumentation de l’ex MEM pour la délivrance d’autorisations de pêche aux bateaux russes.

Certaines ressources partagées, présentes en haute mer, essentiellement constituées de sardinelles et de chinchards sont très insuffisamment exploitées par notre flotte nationale de pêche, aussi bien industrielle qu’artisanale qui ne peut opérer dans des zones de pêche comprises entre 37 et 65 km.

Il en résulte une perte pour notre pays car ces ressources sont périssables et donc perdues, si elles ne sont pas pêchées à temps. Le Sénégal a donc, souverainement, décidé de les exploiter afin que le trésor public puisse en bénéficier, à l’instar des autres pays de la sous région.

Réfutation de l’argument de l’ex MEM.

D’abord, la souveraineté ne peut pas s’exercer dans l’illégalité.. Ensuite, les pélagiques côtiers (sardinelles, chinchards et maquereaux) constituent un stock unique subdivisé en 3 sous stocks : les juvéniles, les jeunes reproducteurs et les adultes. Ce sont les adultes ciblés par la flotte russe qui effectuent des migrations entre la Mauritanie et la Guinée Bissau. La surexploitation d’un sous stock a évidemment des répercussions sur les 2 autres. Une hécatombe chez les hommes adultes en âge de procréer d’un pays, a des répercussions sur les naissances et le croît démographique. Il en est de même chez les poissons.

Enfin, à ce qui précède, il s’ajoute ce qui suit : Le groupe de travail COPACE/ FAO sur l’évaluation des petits pélagiques au large de l’Afrique nord-occidentale, composé d’experts de 14 pays, lors de sa dernière session tenue en mai 2011 à Casablanca, a confirmé que « le stock de sardinelles est actuellement surexploité et que cette surexploitation, présente un risque sérieux pour la continuité de la pêche, non seulement pour les chalutiers industriels mais aussi pour la flotte artisanale » ;

Un déficit de poisson estimé à 3 millions de tonnes pourrait également survenir à l’échelle de notre sous région, à l’horizon 2015 (source Mariama Barry, CRODT) ;

Les chalutiers russes sont des bateaux-usines de 100 à 120 mètres de longueur et jaugeant entre 3.142 et 7765 TJB. Leurs captures sont, soit congelées à bord, soit transformées à bord en produits élaborés ou transformées en huile et farine de poissons. Le tonnage cumulé de 2 de ces bateaux notamment Oleg Naydenov et Admiral Starikov fait 15.530 TBJ soit plus que les 13.146 TJB des 76 chalutiers de fond sénégalais détenant une licence de pêche en 2012. En d’autres termes, 2 chalutiers russes jaugent plus que 76 chalutiers senegalais ;

Le chalut pélagique est un engin de pêche très dévastateur qui évolue en pleine eau, depuis la surface jusqu’à proximité du fond, sans jamais être en contact avec lui. Le contrôle de la profondeur de pêche se fait avec un sondeur situé à l’avant du chalut. Cet appareil contrôle l’ouverture verticale de l’engin de pêche et permet de suivre, à partir du poste de commandement du bateau, l’évolution du filet en pleine eau et de détecter la présence les bancs de poissons y entrant. Le chalut pélagique effectue une pêche quasi-électronique et ramasse tout ce qu’il trouve sur son passage, aussi bien les poissons pélagiques que les poissons de fond ;

Les poissons de fond sont le groupe le plus important dans les captures accessoires des chalutiers pélagiques. Une comparaison avec les captures débarquées par les chalutiers de fond montre que les chalutiers pélagiques débarquent en Mauritanie près de 12,7% des captures de merlu, 60% des dorades roses et 50% des divers démersaux. (source IMROP, 2004). De ce qui précède, il ressort que les chalutiers pélagiques participent à la surexploitation des ressources démersales côtières. A toutes fins utiles, soulignons que les chalutiers de fond sénégalais sont astreints à un repos biologique de 2 mois. Les chalutiers pélagiques russes ne le sont pas.

Commentaires.

La loi 98-32 du 14 avril 1998 dispose en son article 16 : « les navires de pêche battant pavillon étranger sont autorisés à opérer dans les eaux sénégalaises, soit dans le cadre d’un accord de pêche liant le Sénégal à l’Etat du pavillon ou à l’organisation qui représente cet Etat, soit lorsqu’ils sont affrétés par des personnes de nationalité sénégalaise ». Aucune disposition légale ou réglementaire en vigueur, ne prévoit la signature d’un quelconque arrangement avec une personne physique ou morale. Il en sera ainsi tant que la législation ne sera pas modifiée. Le changement de la loi et la signature d’un accord de pêche avec la Russie est sont les deux possibilités pour que les beaux concernés puissent être attributaires d’une licence. Ni l’une ni l’autre ne sont à envisager, compte tenu de l’état de surexploitation des ressources et des mauvaises pratiques de pêche des chalutiers russes. En mars 2011, la Russie a introduit, une demande pour 20 bateaux par an et une contrepartie de 100 dollars par tonne de poissons pêchés. En réponse, la partie sénégalaise a fait remarquer, fort justement, que le contexte social actuel n’était pas favorable d’une part et de l’autre, le cumul des licences dans les eaux des pays de la sous région ne permet pas de quantifier, avec précision, les captures effectivement réalisées dans les eaux sénégalaises. La situation n’a pas changé depuis. La Mauritanie n’a ni tradition maritime, ni une pêche artisanale active et 25% du budget de ce pays provient des droits de pêche concédés. En outre, la Mauritanie compte beaucoup plus sur les Mines que sur la pêche. Au Maroc, ce sont les ressources se trouvant au large du Sahara Occidental qui sont cédées aux chalutiers russes et il s’agit de sardinelles. La souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental n’a pas encore été reconnue. Le Maroc ne cède-t-il pas ce qui ne lui appartient pas ? Le Sénégal, par contre, a une pêche artisanale très active qui effectue 85% des débarquements du pays. C’est également une consommation de 26 kg/homme/an, 17 % des emplois directs et indirects, 54.000 pêcheurs artisans, 18.000 pirogues. C’est enfin, 1,7% du PIB, 12,7% des recettes d’exportation et 80% des protéines animales consommées par les 13 millions de sénégalais, proviennent du poisson.

Interrogations.

Etait-il indiqué de soumettre au conseil des ministres l’attribution de licences aux « bateaux russes », dès lors que la législation en vigueur ne le permet pas ?

Annuler des licences en avril pour en délivrer de nouvelles en décembre, ne fait-il pas désordre et ne jure-t-il pas avec la rupture et la bonne gouvernance prônées par le gouvernement ?

Si on tient tant à délivrer des licences aux bateaux russes, pourquoi ne pas explorer les deux possibilités légales qui existent : un accord de pêche ou un projet de modification de la loi en vigueur à transmettre pour adoption à l’Assemblée Nationale. Pourquoi emprunter un raccourci ?

Il y a eu une affaire des bateaux russes avec les socialistes, puis une autre avec les libéraux, le nouveau régime devrait-il, lui aussi, avoir la sienne, en dépit des immenses espoirs qu’il a fait naître ?

N’est-il pas temps de clore définitivement cet épisode douloureux qui fait naître tant de passions ?

Si l’ex MEM avait été poursuivi, le retour des bateaux russes aurait-il été proposé ?

Réfléchir pour trouver une alternative viable et durable à offrir aux pêcheurs de Saint Louis, étant donné qu’il n’est pas prudent de ne compter que sur des licences en Mauritanie. Ce sujet ne devrait-il pas nous préoccuper plus que la recherche de licences pour des chalutiers pélagiques russes ?

Dr Sogui DIOUF Vétérinaire

Le texte complet est disponible en Français de la contribution du Dr Diouf ‘Tentative avortée de réintroduction de chalutiers pélagiques étrangers dans les eaux sénégalaises : le Conseil des Ministres peut-il autoriser ce que la Loi en vigueur ne permet pas’ sur : http://www.aprapam.org/2012/12/20/t...

 

Future politique commune de la pêche en Afrique : point de vue de la CAOPA

La CAOPA a répondu à un questionnaire d’évaluation du secteur des pêches dans la région de la CEDEAO, proposé par l’UA à l’occasion du processus de définition d’une politique commune de la pêche, sur la thématique « Contribution de la confédération africaine des organisations de pêche artisanale », en date du 24 août 2012. Les réponses apportées à ce questionnaire permettent d’identifier les principales questions stratégiques pertinentes pour les pêches de capture et l’aquaculture dans la région et les principaux défis et opportunités des secteurs, notamment quant au maintien des communautés côtières, la sécurité alimentaire des populations et l’aménagement concerté de la zone côtière (co-gestion des pêcheries). La question de la transparence est mise en avant. En effet, cette dernière « doit devenir la règle, et doit favoriser une participation informée des acteurs, en particulier des communautés de pêche artisanale. Une plus grande transparence est également un outil important de lutte contre la pêche INN, qui est florissante lorsque l’opacité et la corruption sont la règle ». Quelques éléments d’analyse de l’état actuel des capacités humaines et institutionnelles dans la région, sont dès lors présentées, ainsi que les forces et les faiblesses, défis et opportunités pour les trois secteurs la pêche maritime, la pêche continentale et l’aquaculture dans la région : « Il faut aussi développer une stratégie et des politiques pour que la pêche artisanale, qui actuellement cible surtout les ressources côtières, souvent surexploitées, puisse à terme développer ses activités plus loin des côtes, et développer des pêcheries, par exemple, pour les thonidés, afin que nos pays puissent en retirer plus de bénéfices ». Des éléments de réflexion sont par ailleurs apportés sur le niveau de la coopération actuelle entre les CER et les ORGP dans la région et proposer les moyens de renforcer la coopération et la collaboration. « Les professionnels de la pêche artisanale doivent être reconnus comme interlocuteurs directs des décideurs ». Le rôle de la société civile et des médias est également fondamental dans le processus de gestion des pêches. Il est constaté que le niveau de mise en œuvre du Code de conduite de la FAO pour une pêche responsable et ses autres documents pertinents est faible. Enfin, certains problèmes ou questions transfrontières sont observés quant à la gestion des pêches et de l’environnement dans la région.

 

Analyse des impacts de la convention Poly Hondone Pelagic Fishery-Mauritanie

Présentée comme un modèle pour la promotion d’activités à forte valeur ajoutée permettant de tirer profit de ressources pélagiques abondantes et à faible valeur marchande, le programme d’investissement, tel que repris dans la Convention entre le groupe chinois POLY-HONDONE PELAGIC FISHERY et la Mauritanie, signée en Juin 2011, cible en priorité les démersaux, en particulier le poulpe, ce qui va à l’encontre de la politique sectorielle, centrée, à travers le plan d’aménagement, sur la réduction de l’effort de pêche.

Mise en place alors que les négociations de l’Accord de partenariat pêche entre la Mauritanie et l’UE commencent, cette convention avec le groupe chinois ne fait que renforcer le scepticisme de certains vis à vis de notre politique de pêche. Pour eux, le retrait possible des céphalopodiers européens sera suivi de l’introduction d’autres bateaux de pêche étrangers peu regardants quant à la durabilité des pêches. Ce sentiment est conforté par certaines décisions récentes, comme celle d’autoriser le chalut boeuf, qui ne semble pas refléter le souci de bonne gestion avancé pour interdire la chaîne racleuse utilisée par les crevettiers européens.

Analyse de la Convention par Pêchecops

Deuxième édition du forum de la pêche de Mbour

Environ 300 professionnels de la pêche artisanale sénégalaise sont attendus le 4 juillet prochain au Centre David Boila de Mbour, pour un forum sur le thème : "A qui appartient le poisson", annonce un communiqué transmis à l’APS.

Réunis au sein de la Coalition des professionnels de la pêche artisanale de Mbour (CPPAM), ces acteurs vont débattre de deux sujets : "La sécurité alimentaire dans la pêche, en particulier, le cas des petits pélagiques" et "La surveillance participative".

Les participants à ce forum viendront de Mbour et des autres localités de pêche du Sénégal, notamment Kayar, Ngaparou, Joal, Foundiougne, Djiffer, Yène, Ndayane, Lompoul, Fass Boye, Saint-Louis, etc.

Cette rencontre sera le second forum organisé par la CPPAM, après celui de juillet 2010, qui était centré sur les thèmes de la bonne gouvernance, de la problématique du financement de la pêche artisanale, de la valorisation des captures, etc.

ADE/SAB

Allocution de bienvenue de Gaoussou Gueye

Atelier gestion de la pêche thonière par les ORGP : recommandations de Greenpeace et CAPE

Greenpeace et CAPE ont formulé une liste de recommandations à l’attention des États présents lors de l’atelier sur la gestion de la pêche thonière par les ORGP, tenu à Brisbane, Australie, du 29 juin au 1er juillet 2010.

Y est soulignée la nécessité que les ORGP adoptent un système qui offre une allocation d’accès aux ressources en utilisant un panel transparent de critères environnementaux et sociaux, qui respectent les droits des États côtiers en développement et des communautés de pêche à petite échelle à participer et à bénéficier des pêcheries thonières de sorte que cela mène à une compétition positive afin d’améliorer les normes et pratiques de pêche.

Recommandations Greenpeace-CAPE
Greenpeace Briefing on Overcapacity in Tuna Fisheries
Briefing Annex : Regional Examples

Accord de Pêche Sénégal Mauritanie

Les professionnels artisans sénégalais et mauritaniens se concertent.

En parallèle de la commission mixte des pêches qui a réuni les autorités du Sénégal et de la Mauritanie pour discuter le renouvellement du protocole d’accord de pêche liant les deux pays, les professionnels de la pêche artisanale du CONIPAS (Sénégal) et de la FNP-section artisanale (Mauritanie) se sont également réunis en commission mixte pendant trois jours à Nouakchott.

Accord de Pêche Sénégal Mauritanie

Les investissements privés européens dans le secteur pêche d’Afrique de l’Ouest

L’investissement européen dans le secteur de la pêche ACP se fait souvent à partir d’une connaissance très limitée ou d’une prise en compte insuffisante de la dégradation des écosystèmes, de l’état des stocks, de la dynamique du secteur des pêches ou des communautés côtières. Cela pose problème lorsque, comme dans le cas de la constitution de sociétés mixtes de pêche dans les états ACP, subventionnées par l’UE dans les années 90, les investissements incluent, de façon centrale, le transfert de navires.

Si l’impact économique direct de ces sociétés mixtes fut réel (les rémunérations locales, l’achat de vivres, de carburant, l’utilisation des services portuaires, etc), il faut souligner que la valeur ajoutée directe dégagée est revenue aux opérateurs européens pour 81%, contre seulement 19 % aux pays tiers. D’autre part, le transfert de capacité résultant de la constitution de ces sociétés mixtes, a, dans les faits, contribué à aggraver la dégradation des stocks locaux et, parfois, exacerbé la concurrence avec les communautés de pêche artisanale locale.

Les investissements privés européens dans le secteur pêche d’Afrique de l’Ouest
Investissements étrangers dans la Pêche : Opportunités et Défis pour les Pays de l’Afrique de l’Ouest